Présentation du bonus de la semaine
[Boîte à mystères]
Avec la publication du dernier épisode de la saison pilote, on vous propose de « boucler la boucle » en relisant les premières lignes des Mystères de Paris, d’Eugène Sue, l’oeuvre qui inspire les MyGrandParis… de quoi annoncer la suite du feuilleton, pour l’automne prochain !
Celles-ci sont illustrées par Bruno Collet, dont vous aviez pu découvrir le travail sur le Canal de l’Ourcq en 2015, lors de notre soirée sur la péniche Adélaïde.
Un « tapis franc »,
en argot de meurtre et de vol,
signifie un estaminet
ou un cabaret du plus bas étage.
Un repris de justice, qui, dans cette langue immonde s’appelle un « ogre »,
ou une femme de la même dégradation, qui s’appelle une « ogresse »,
tiennent ordinairement ces tavernes,
hantés par le rebut de la population parisienne ;
forçats libérés, escrocs, voleurs,
assassins y abondent.
Un crime a-t-il été commis,
la police jette,
si cela peut se dire,
son filet dans cette fange ;
presque toujours elle y prend des coupables.
Ce début annonce au lecteur
qu’il doit assister à de sinistres scènes :
s’il y consent,
il pénétrera dans des régions horribles, inconnues ;
des types hideux, effrayants,
fourmilleront dans ces cloaques impurs
comme des reptiles dans un marais.
Nous allons essayer de mettre sous les yeux du lecteur
quelques épisodes de la vie des barbares
aussi en dehors de la civilisation que les sauvages peuplades si bien peintes par Cooper.
Seulement,
les barbares dont nous parlons
sont au milieu de nous ;
nous pouvons les coudoyer
en nous aventurant dans les repaires ou ils vivent,
où ils se rassemblent
pour concerter le meurtre, le vol,
pour se partager enfin les dépouilles de leurs victimes.
Ces hommes ont des mœurs à eux,
des femmes à eux,
un langage à eux,
remplis d’images funestes,
de métaphores dégoutantes de sang.
Comme les sauvages, enfin,
ces gens s’appellent généralement entre eux
par des surnoms empruntés à leur énergie,
à leur cruauté,
à certains avantages,
ou à certaines difformités physiques.
Sans l’impérieuse exigence de la narration, nous regretterions d’avoir placé en si horrible lieu l’explosion du récit qu’on va lire.
Pourtant nous comptons un peu sur l’espèce de curiosité craintive qu’excitent quelquefois les spectacles terribles.
Et puis encore,
nous croyons à la puissance des contrastes.
Sous le point de vue de l’art,
il est peut être bon de reproduire certains caractères,
certaines existences, certaines figures,
dont les couleurs sombres, énergiques, peut être même crues,
serviront de repoussoir, d’opposition
à des scènes d’un tout autre genre.
Le lecteur, prévenu de l’excursion que nous lui proposons d’entreprendre parmi les naturels de cette race infernale qui peuple les prisons, les bagnes et dont le sang rougit les échafauds …
Le lecteur voudra peut être nous suivre.
Sans doute cette investigation sera nouvelle pour lui.
Le 13 décembre 1838, par une soirée pluvieuse et froide, un homme, d’une taille athlétique, vêtu d’une mauvaise blouse, traversa le pont au Change
et s’enfonça dans la cité.
Illustrations par Bruno Collet
Texte par Eugène Sue
Ce qui se trame dans le coin



Eugène Sue, l’inventeur de la série
Libération (qui avait consacré un article aux MyGrandParis via Enlarge Your Paris) décrypte le « phénomène » des Mystères de Paris, à l’origine de la série, si populaire aujourd&rsqu...Soyez les bienvenus à l’Assemblée Générale des MyGrandParis !
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